Dimma Vatn [PV Minuit/Shadowblade]

« Qu'est ce qui s'est passé ?
Je n'ai pas connu de guerre, ni la perte d'un proche, ni de maladie grave, rien.
Rien qu'une banale histoire de séparation et de rencontre. »

J'ÉTAIS DERRIÈRE TOI, NICOLAS FARGUES.


La nuit rendait l'eau sombre. Les lumières de la ville se reflètaient sur le fleuve, et les docks étaient plongés dans l'obscurité. Minuit était assise sur le bord du quai. Elle regardait l'eau onduler sous ses bottes, comme un poisson frétillant. Il faisait froid, mais le ciel était dégagé. Il n'y avait pas de nuages. La lune brillait au dessus des tours. Pas d'étoiles non plus, que les lumières de la ville avalaient. Les tours des grattes-ciel brillaient encore, par endroit. Il était tard pourtant.
C'était presque son heure, celle où la ville s'apaisait, s'il en était. Minuit se releva, marcha le long du quai. Un trafic de matériel haut-technologie était né sur le port récemment. C'était la fin de la semaine, elle en tirerait assez d'argent pour disparaître un moment de la circulation. Elle avait besoin d'une pause. Mais il était encore beaucoup trop tôt, et elle ne pouvait qu'attendre.

Dans le silence complet qu'offrait la nuit, elle n'entendait rien d'autre que le bruit de ses bottes sur le macadam, et le bruit de l'eau qui lapait le port. Puis, soudain, elle se figea. Une sensation. Un frisson glacé qui lui descendait l'échine. Quelqu'un arrivait. Elle porta la main à son arme à feu, et se glissa entre deux containers. Elle était invisible, dans l'ombre opaque des deux masses de métal glacé.
Elle tendit l'oreille. Des bruits de pas, légers, très légers, qui approchaient, plus loin. Elle ferma les yeux, se concentrant sur les bruits. Pria pour qu'il ne s'agisse ni de la pègre, ni d'un sans-abri, ni d'un fou échappé pour la cinquième fois d'Arkham. De personne qui puisse faire échouer son plan. Les pas s'approchèrent un peu, puis s'éloignèrent. Elle se mordilla la lèvre. C'était mal parti.

Va t'en, allé, pensa-t-elle. Dégage.

Elle ne bougeait pas, encore invisible dans l'espace étroit. La nuit était une véritable bénédiction, c'était sûr. Elle sortit lentement son Bren Ten de son étui, le tenant à deux mains, et ramena le chien, dans la perspective de devoir tirer.

Max Thackers était le chef des douaniers et des garde-côtes pendant près de 30 ans; il avait travailler depuis l'âge de 23 ans et avait toujours eu une passion profonde pour son métier jusqu'au point d'avoir stoppé la moitié des trafiquants de drogue de la ville en saisissant nombre de marchandises qui arrivait très souvent par le port : il s'était donc fait, au fil du temps de nombreux ennemis au sein de la mafia et plus particulièrement leur "souverain" Savaltore Maroni. Celui-ci en avait assez des "caprices" du vieux Max et avait décider d'en finir avec lui.

Ce soir là Thackers rentrait chez lui après une bonne demi-nuit à ranger la paperasse du mois dernier. La nuit était froide et une légère brume habituelle couvrait l'eau qui s'ecoulait le long des docks. Soudain il entendit des pas venant de la chaloupe qui se dirigeaient vers lui. L'inquiétude et l'angoisse commenca à s'emparer de son esprit mais il continua sa route en pressant le pas...

Shadowblade sentait cette angoisse, l'angoisse de la proie ! Il se dirigea derrière sa cible et l'espace d'un instant il planta sa lame dans l'oesophage puis la rabatta sur la droite, saisit l'epaule du vieil homme et dans un mouvement incontrolé tourna circulairement en s'appuyant sur l'homoplate droite : l'homme était désormé bel et bien mort decapité...
Il était satisfait; non; heureux,exalté,fou de joie. En effet sa faim insatiable de victime avait encore une fois volé une âme. Shadowblade entendit soudain un bruit; un bruit métallique qui raisonnait dans l'air... Il tourna son regard à gauche, à droite puis fixa celui-ci sur les containers. Il se dirigea promptement vers ceux-ci et sembla percevoir une silhouette dans l'ombre : il avait en effet une capacité surhumaine à percevoir les obstacles dans l'ombre. Il s'écria tout à coup :-Ce n'est pas la peine de vous cacher , je vous ai vu ! Et pour ce que vous venez de voir je vais devoir vous tuer; je vous laisse la chance de vous exprimer une dernière fois et je vous conseille fortement de profiter de cet instant pour peut-être convaincre mes bontés interieures de vous épargnez...

Minuit éclata de rire. Un rire clair et froid qui résonna dans la nuit, sur l'eau et sur le quai, entre les containers, monta jusqu'au ciel dans le silence. Elle leva le bras, pointa le canon de son arme en direction de la tête du type qui venait de sortir de l'ombre pour apparaître entre les deux containers, la menaçant avec sa lame qui dépassait de sous son long manteau. Elle était couverte de sang. Minuit n'avait pas besoin de se demander pourquoi il était là.

- Tiens toi tranquille, petit malin, et range ta lame, lança Minuit avec une froideur moqueuse. Mon flingue me dit qu'elle n'est plus d'actualité.

Elle le dévisagea un instant, du moins autant qu'elle pouvait le faire dans la pénombre. Le pas léger, presque silencieux. La voix grave et le ton trop poli. Les tout derniers restes d'un accent italien oublié depuis longtemps. Une bonne vision dans la nuit. Un vouvoiement systématique. Cela lui rappelait vaguement quelque chose. Elle mit quelques secondes à se rappeler.

- Ah, mais tu es... Shadowblade, c'est ça ? Je me souviens de toi, ça y est. Quelle coincidence, dis-moi. Tu tombes drôlement... mal, d'ailleurs. Je ne voudrais pas être obligée d'appuyer sur la détente mais tu me déranges quelque peu.

Son ton menaçant était surtout destiné à l'empêcher de faire quelque chose d'irrationnel. Bondir sur elle avec sa dague en avant, par exemple. Elle n'avait pas envie que sa combinaison soit tâchée de la cervelle de ce type ce soir. La nuit était trop belle pour être gâchée par un des sympathisants de Maroni, et elle commençait à perdre la patience de discuter avec eux. Même si bien souvent, ils ne discutaient pas. Le reflet de la lune dans les pupilles de Shadowblade avait quelque chose de fou. Quelque chose qu'elle connaissait bien, parce qu'elle l'avait vu d'innombrables fois dans les yeux de Double-Face.
Elle commença à reculer, ne quittant pas des yeux Shadowblade, ne baissant pas le bras d'un pouce. Elle attrappa avec l'autre main un micro-grappin dans sa ceinture, et s'apprêta à le lancer sur le toit d'un des containers. Une course poursuite était préférable à une discussion dans un endroit aussi étroit.
Elle le regarda un instant dans les yeux, plissa légèrement les genoux, se préparant à sauter dès que le micro-grappin toucherait la tôle.

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HORS-RPG : Je sais que je te bloques un peu, désolée, mais ce serait mieux si tu pouvais éviter de faire quelque chose qui empêche Minuit de sauter sur le toit, d'ac ? Une course poursuite, ce serait chouette. Tu peux toujours essayer de la raisonner par de sages paroles, cela dit ~